Ligne d’orientation sur l’élevage de chiens en bonne santé

LA LIGNE D’ORIENTATION D’AFC SUR L’ELEVAGE

DE CHIENS EN BONNE SANTE :

L’EFFET DE LA SÉLECTION, DE L’ELEVAGE ET LE BIEN-ETRE DES CHIENS.

NOTRE PHILOSOPHIE : LA SANTE ET LE BIEN-ETRE

DOIVENT PASSER AVANT TOUT.

L’impact sur la santé et le bien-être des chiens des maladies génétiques et de l’élevage de sujets présentant des caractéristiques excessives  font l’objet d’une attention de plus en plus croissante de nos concitoyens. Les vétérinaires sont régulièrement confrontés à des problèmes de santé et de bien-être. En tant que défenseurs de la santé et du bien-être des chiens, Alliance Française Canine a le devoir de s’exprimer sur une orientation d’élevage qui respecte une certaine éthique. Nous devons contribuer à sensibiliser le public et à faire en sorte que les problèmes de santé liés aux races soient réduits, voir éradiqués. La profession vétérinaire doit reconnaître ses responsabilités et AFC demande que toutes les parties prenantes unissent leurs forces pour avoir des chiens plus sains et plus heureux.

À l’origine, l’élevage sélectif était orienté vers les aptitudes du chien et de son utilisation. Depuis le milieu du XIXe siècle, les chiens sont de plus en plus souvent utilisés comme chiens de compagnie. Aujourd’hui, la sélection est plus en plus axée sur l’apparence et la « popularité » de certaines races, sans tenir compte des aptitudes, de la santé ou de la longévité.

Nous pouvons constater que la sélection peut également avoir un impact négatif sur la santé et le bien-être des chiens, par exemple lors de la sélection de certains traits, tels que le museau très court, l’excès de peau, la tête en forme de dôme, des problèmes oculaires, etc. Bien que populaire auprès du public, cela peut entraîner de graves problèmes de santé et de bien-être pour les chiens impliqués. Par exemple, le syndrome d’obstruction des voies respiratoires se produit couramment dans les races « à face plate » causant, une détresse respiratoire.

Comment améliorer la situation ?

Il existe deux approches pour améliorer la situation. La première consiste à éduquer et encourager la qualité de la demande, la deuxième consiste à améliorer la qualité des chiens élevés. A ces fins, il faut :

– éduquer le public, à ne pas choisir une race ou un type de chien qui risque de souffrir d’une maladie grave.

– encourager des pratiques d’élevage qui placent la santé et le bien-être des chiens au premier plan.

La demande.

Ce sujet est assez complexe. Cependant, il est probable que le changement se produira en sensibilisant et en éduquant le public à ne pas acheter de chiens présentant des caractéristiques héréditaires extrêmes et/ou des troubles génétiques susceptibles d’entraîner des problèmes de santé et de bien-être.

Compte tenu du manque d’expérience du futur propriétaire, il peut être très difficile pour lui d’évaluer s’il a acheté un chien en bonne santé ou qui correspond aux caractéristiques de la race. Ils sont souvent ignorants des problèmes auxquels ils seront confrontés. L’achat d’un chien est souvent une décision émotionnelle et impulsive, qui rend l’acheteur moins critique et plus susceptible de se retrouver avec un chiot qui ne correspond pas à sa demande.

L’effet de mode.

Des races sont souvent « mises en valeur » par des célébrités, ce qui accroît leur popularité et influencent les choix des futurs propriétaires. Les gens suivent les modes, et l’impact sur la demande d’une certaine race est énorme. Les médias influencent aussi fortement la demande de quelques races, par exemple en les utilisant dans les publicités et des films. La sortie de films mettant en scène des chiens est souvent associée à une augmentation de la popularité des races qui deviennent à la mode. Les producteurs de médias, y compris les annonceurs, les magazines, la radio, la télévision et le cinéma devraient être conscients des problèmes de santé et de bien-être dont souffrent certaines races populaires. Ils devraient s’abstenir d’utiliser certaines races dans le cadre de leurs activités. En outre, dans les dessins animés et au cinéma, les chiens sont souvent représentés avec des yeux surdimensionnés, des têtes massives et d’autres des caractéristiques exagérées qui peuvent attirer les gens, en particulier les enfants.

Les quatre recommandations suivantes s’appliquent à la demande :

  1. La sensibilisation et l’éducation du public – enfants et adultes – sont essentielles pour veiller à ce que les futurs propriétaires soient en mesure de prendre des décisions éclairées lors de l’achat d’un chien. Les campagnes de sensibilisation doivent être aussi larges que possible et impliquer les journaux, Internet, la radio, la télévision et les écoles. L’accueil d’un chien, devrait être conditionné à une formation ; par laquelle les futurs propriétaires de chiens ne choisiront pas seulement d’acheter ou d’adopter un chien en bonne santé qui correspond à leur mode de vie mais aussi apprendront à devenir un propriétaire responsable. Tous les acteurs de la filière canine devraient jouer un rôle actif dans l’éducation du public et dans les campagnes de sensibilisation.
  2. Futurs propriétaires de chiens – Il est fortement conseillé aux futurs propriétaires de chiens de demander conseil avant d’acheter un chien pour comprendre les besoins en matière de santé et de bien-être de leur projet d’achat, pour répondre à leurs attentes et pour éviter toute déception par la suite. Demander conseil aux vétérinaires et/ou à Alliance Française Canine qui devraient déconseiller l’achat de chiens présentant des conformations extrêmes. Ils doivent informer de tout problème dont souffre la race et leur expliquer l’impact qu’il pourrait avoir sur le bien-être du chien. Également informer leurs clients sur les restrictions d’élevage si un chien subit une correction chirurgicale des traits extrêmes ou d’autres problèmes liés à la conformation. Cela s’applique également aux chiens qui sont traités médicalement ou qui devraient l’être. Les vétérinaires doivent fortement conseiller de ne pas faire reproduire ce chien (si le problème est très grave) ou de veiller très sérieusement à un accouplement raisonné au moment de la chirurgie corrective ou de la césarienne. Ils doivent également consigner ces conditions dans le dossier médical du chien, signaler les interventions chirurgicales correctives aux registres lorsqu’ils sont disponibles et si la législation le permet.
  3. Dépistage sanitaire des parents avant la reproduction Des reproducteurs sains produisent des chiots plus sains, c’est pourquoi il devrait y avoir une obligation d’un dépistage sanitaire prénuptial pour les parents des chiots mis en vente. Chaque race pourrait avoir des exigences de dépistage sanitaire prénuptial spécifiques à la race, basées sur la morphologie et identifier les maladies génétiques. Cela n’empêchera pas forcément ce chien de reproduire, mais cela l’empêchera de reproduire avec un partenaire ayant les mêmes problèmes de santé. Les vétérinaires devraient jouer un rôle actif dans les examens de pré-reproduction.
  4. L’effet de la responsabilité. Pour l’élevage sélectif, les critères de sélection les plus importants devraient être la santé (et pas seulement l’absence de telle ou telle maladie) et le bien-être du chien. L’élevage doit assurer la santé et le bien-être de la chienne, de l’étalon et de la progéniture.

Étendue de la responsabilité :

La santé et le bien-être d’un chien et de son éventuelle progéniture, pendant toute sa vie, est essentiellement la responsabilité des propriétaires. Mais aussi des éleveurs, des organismes de sélection qui ont une énorme responsabilité en amont, en ce qui concerne la santé et le bien-être de tous les chiens de la race et également une responsabilité morale.

Les organismes de sélection pourraient réviser les standards d’élevage afin d’éviter toute dérive morphologique. Les standards de race pourraient par exemple, à l’instar des nouvelles règles en Hollande, inclure des limites fondées sur des mesures précises concernant les caractéristiques (par exemple, la longueur du museau). Pour assurer la santé et le bien-être des chiens de race, l’amélioration de la diversité génétique doit être assimilée et correctement préservée et optimisée pour améliorer les résultats en matière sanitaire.

Les éleveurs et les vétérinaires ne doivent pas considérer les césariennes comme « normales ». Les césariennes sont une procédure d’urgence et ne devraient pas faire partie d’un programme d’élevage dans n’importe quelle race. Les caractéristiques anatomiques ou héréditaires doit être améliorées progressivement par des accouplements raisonnés et une stratégie d’élevage ne créant pas de perte génétique. Au terme de ce programme, toute chienne devrait pouvoir mettre bas naturellement. De même pour les mâles rencontrant des difficultés à s’accoupler. Les vétérinaires ne doivent pas systématiquement pratiquer l’insémination artificielle pour surmonter des incapacités physiques. Tout chien devrait être capable de s’accoupler naturellement. Le même programme de sélection peut être appliqué progressivement.

Ce projet peut paraître utopique dans le monde cynophile actuel où la concurrence dans les expositions de beauté, le besoin de notoriété et la cupidité de beaucoup prennent l’ascendant sur le bien être des chiens ! Nous croyons que tous les éleveurs qui se soucient de leurs chiens et de l’avenir des races adhérent à cette ligne d’orientation. Il le faut, car certaines races seront amenées à disparaître si aucun changement en matière de sélection ne se réalise ! Il faudra que :

  • Les vétérinaires et les éleveurs travaillent en étroite collaboration,
  • Les clubs de race interviennent fermement sur les interprétations du standard qui mettent en péril le bien être des chiens et mettent en place des fiches de mesures précises afin que les juges ne puissent pas dériver vers des exagérations néfastes,
  • Les organismes de sélection mettent en place des bases de données intégrant les données de santé et qui puissent proposer des accouplements raisonnés en tenant compte des points forts et points faibles en termes de santé, de longévité, de qualité maternelle, ainsi que morphologiques et de comportement de chacun des reproducteurs, afin de ne pas réduire drastiquement la diversité génétique,
  • Les organismes de sélection, clubs de race, vétérinaires et protection animale puissent promouvoir et participer à l’alimentation de cette base de données,
  • La fiabilité de la généalogie soit assurée par l’identification obligatoire et ADN de tous les chiens et le contrôle de filiation obligatoire de toutes les portées inscrites. C’est essentiel pour assurer la traçabilité, lutter contre la fraude, éviter les risques pour la santé publique et contribuer à l’élimination ou à la réduction des maladies génétiques,
  • La législation garantisse le maintien de tous les aspects du bien-être des chiens. La Loi devrait prévoir des sanctions pour les éleveurs qui produisent sciemment des chiens en mauvaise santé au mépris de la convention européenne sur la protection des animaux de compagnie (STE 125). Pour être efficace et protéger le bien-être des chiens dans l’élevage, toute la législation doit être appliquée. Des sanctions sévères devraient être prévues en cas de violation répétitive des règles. Le niveau de ces sanctions doit être un élément dissuasif efficace.