Plaidoirie pour une sélection raisonnée!

LES CHIENS DE RACE SONT EN BONNE SANTE ET LA TERRE EST PLATE

Mathieu Mauriès © 2018 (cliquer sur le nom pour voir sa photo et sa présentation)

LE BON SENS PAYSAN : PARTI SANS LAISSER D’ADRESSE

Comment parler de sélection dans l’espèce canine quand la cynophilie moderne consiste seulement à classer en quelques minutes des chiens sur une apparence ? Rien de scientifique dans cela. Le résultat n’est ni fiable ni répétable comme le démontre la réalité des expositions. Le même chien peut passer d’un extrême à l’autre dans le même week-end sous deux juges différents. Dans cette réalité-là ce n’est en aucun cas la valeur génétique du chien qui est évaluée et c’est pourtant celle-là qui est intéressante. La valeur génétique d’un chien est identique de sa naissance à sa mort. C’est son patrimoine génétique. Plus intéressante encore est la capacité d’un chien à transmettre ses qualités. Mais ici point d’héritabilité (1) connue ou de coefficient de détermination (2) concernant les chiens, donc aucune approche génétique sérieuse. La cynophilie officielle qui frise la dictature, mais c’est dans l’air du temps, se vante de participer à l’amélioration des races canines. J’attends toujours de savoir ce qui a été amélioré en 100 ans chez nos chiens ?

Le monde est dingue, mais où est donc passé le bon sens paysan ? Aurions-nous oublié qu’un chien en bonne santé c’est juste l’état normal d’un chien ?

Les éleveurs qui s’inscrivent dans cette ligne condamnent à moyen terme la race qu’ils sont censés préserver. C’est une voie sans issue. Pour son malheur, le Bouvier Bernois a une longueur d’avance sur ce chemin. Les Bernois meurent de plus en plus jeunes et les éleveurs jettent l’éponge. En effet cette logique de standardisation extrême va totalement à l’encontre de la variabilité génétique essentielle à la survie des espèces. En favorisant l’homozygotie (3) pour obtenir des chiens strictement identiques génération après génération, l’éleveur fait sans en avoir conscience la promotion d’une consanguinité galopante dissimulée derrière des calculs illusoires. En effet la sélection sur la posture concentre les problèmes génétiques alors que la sélection sur le travail, ou une fonction bien précise, les écarte.

Les éleveurs en sont arrivés à sélectionner des chiens qui ne sont pas malades au lieu de sélectionner des chiens en bonne santé. La nuance est de taille et ses implications dramatiques. Plus on cherche à sélectionner des chiens qui ne sont pas malades, plus on en produit. En effet en réduisant encore plus un pool génétique déjà restreint c’est l’homozygotie qui est favorisée et avec elle l’apparition de toutes les tares possibles et imaginables. L’apparition du nanisme chez le Montagne des Pyrénées – race géante – en est un redoutable exemple. C’est l’hétérozygotie (3) qui est porteuse d’espoir car elle permet l’adaptation des génotypes à un environnement sans cesse en évolution et donc la survie de l’espèce.

QUAND LA TECHNOLOGIE TUE L’ELEVEUR, LE CHIEN ET L’ELEVAGE

La technologie du XXIème siècle a réduit les éleveurs au simple rang de techniciens. Techniciens super pointus dans tous les tests à la mode. Mais techniciens seulement, pieds et poings liés à leur technologie, devenus incapables de produire des chiots sans tout cet arsenal technique comme les chiennes bouledogue français ou bulldog anglais incapables de donner naissance à leurs chiots sans césarienne …

Eleveur, es-tu devenu fou ? Le documentaire « Chiens de race – Maîtres fous »

https://www.dailymotion.com/video/xl4n4s devrait faire réfléchir … pour le moins.

Un véritable taux de consanguinité se calcule sur 20 générations et pas 4 ou 5 générations. Si les véritables taux de consanguinité étaient publiés pour chaque race gérée dans un livre généalogique, les éleveurs pourraient réaliser concrètement l’ampleur de la catastrophe.

Le concept de « race pure » si cher à certain(e)s est tout aussi illusoire. Ce terme de race n’a aucune réalité biologique. C’est l’espèce chien qui est à considérer déclinée dans différentes populations dont les caractéristiques ont été créées et fixées sous l’action de l’homme, du milieu et de la fonction qui leur était attribuée. Dans son histoire un chien c’est d’abord une fonction et c’est la fonction qui a fait le chien pendant des siècles, pas l’inverse. La fonction a conduit à la création de types présentant une certaine homogénéité d’apparence mais aussi une diversité. Il n’y a jamais eu un modèle unique à suivre de façon aveugle, et heureusement. Nous l’avons oublié.

Depuis un bon siècle la sélection des chiens n’a plus de sélection que le nom. C’est leur destruction qui est programmée. Des patrimoines génétiques issus de centaines d’années de sélection paysanne vont disparaître si rien n’est fait pour inverser la tendance. Benoît Biteau dans son ouvrage « Paysan résistant » (Edition Fayard 2018) résume bien la situation : « Depuis plus de huit mille ans, les hommes – surtout les femmes ! – ont sélectionné les espèces animales et végétales les mieux adaptées à leur terroir. Dans chaque région agricole, ces « écotypes » animaux et végétaux portent dans leurs gènes la meilleure adaptation possible à la zone dans laquelle ils se développent. Malgré cette évidence, leurs effectifs et leur diversité ont sévèrement régressé. Nous avons perdu, et c’est hélas irréversible, 90 % de ce patrimoine en un siècle. Cette diversité a été balayée par des races et des variétés homogénéisées et standardisées à l’échelle planétaire. Ces dernières ont perdu toute rusticité et nécessitent, pour pouvoir survivre, des béquilles chimiques coûteuses pour le producteur et désastreuses pour l’écologie, la biodiversité, le climat et la santé. ». Ainsi a disparu le grand chien des Alpes dont Sultan (en photo ci-dessous) présenté en exposition au jardin zoologique d’acclimatation de Paris en mai 1863, était un remarquable exemplaire. Il lui fut décerné un premier prix et une médaille d’or.

SULTAN

Qu’à cela ne tienne, les bergers des Alpes sont en train de le recréer. Face aux loups les chiens de protection sont en sélection naturelle. Seuls les plus valeureux survivent et accèdent à la reproduction. L’histoire nous enseigne qu’à terme, dans 200 ou 300 ans, une nouvelle race de chien de protection spécifique aux Alpes françaises se sera créée en combinant les différents génotypes présents actuellement dans nos troupeaux (Montagne des Pyrénées, Maremmes Abruzzes, Kangal, Estrela, Berger du Caucase, Mâtin Espagnol, Tatras …). Au bout du compte les meilleurs gènes s’assemblent pour donner un chien parfaitement adapté à sa fonction et à son environnement. C’est de la sélection pastorale et cela a toujours fonctionné de la sorte.

QUEL AVENIR POUR LES CHIENS DE RACE ?

L’infusion de nouveau sang dans les races actuelles est une nécessité, et pourtant pas une nouveauté. Cette pratique a existé pendant des siècles. C’est ainsi que se sont créées toutes les races de chiens actuelles depuis leur lointaine origine commune, le loup. Le brassage génétique était la règle. Les fondements de la cynophilie moderne sont totalement erronés et le système en place parfaitement destructeur pour les chiens. Et il n’y a pas pire idée que celle de fermer un livre généalogique.

A travers les croisements que j’ai testés sur ma ferme, mon travail de recherche a démontré que le Montagne des Pyrénées pourrait être utilisé pour revitaliser le Kangal dont le pool génétique est réduit en France. De même le Kangal pourrait être lui utilisé pour revitaliser le Dogue du Tibet dont le pool génétique est encore plus réduit. L’utilisation du Montagne des Pyrénées et du Kangal sur le Mâtin Espagnol moderne donne des chiens très proches du type ancien du Mâtin, avec les mêmes qualités de travail. Tous les croisements que j’ai testés ont été réalisés entre races de chiens de protection, et c’est logique, de façon à renforcer les aptitudes des uns et des autres. En aucun cas je n’ai cherché à créer une nouvelle race. Au contraire j’ai cherché à remettre de la variabilité génétique dans des populations à la dérive afin de les consolider.

Les résultats de ces croisements sur le terrain sont sans discussion, les chiens sont équilibrés, en bonne santé et efficaces au travail. Rien d’étonnant à cela car, par définition, un chien de travail ne peut être sélectionné que dans son milieu de travail. Dans ce cas le travail est le seul et unique test à valider.

Cela ne signifie pas que tous les éleveurs de Montagne des Pyrénées devraient avoir un troupeau de moutons. Par contre, il est absolument nécessaire que les lignées qu’ils élèvent soient testées au travail pour un certain nombre d’individus représentatifs. En parallèle il est important que les éleveurs utilisent aussi comme étalons des chiens de travail dont les qualités auront été éprouvées ou des fils de ces mêmes chiens.

Il est vital que des éleveurs expérimentent de nouvelles approches notamment au troupeau.

C’est par exemple le cas de Nora Kravis, éleveuse de chèvres en Italie, http://www.chianticashmere.com/en/ qui a utilisé MAAP du Hogan des Vents, Montagne des Pyrénées, sur une de ses chiennes Abruzzes afin de produire une portée destinée à la protection de son troupeau (photo Thelma et Louise filles de MAAP et UNICA).

Concernant le Montagne des Pyrénées il ne faut pas oublier que le retour du loup en France il y a 25 ans a favorisé sa réapparition au travail, particulièrement dans les Alpes. J’estime que 6000 chiens de type Montagne des Pyrénées travaillent maintenant dans nos montagnes. Si l’on considère que la moitié sont des femelles (3000) et que la moitié d’entre elles (1500) reproduisent une fois par an, en donnant naissance à 4 chiots (1500 x 4 = 6000 chiots) avec un taux de survie de 50 % c’est tout de même 3000 chiots produits chaque année.

Un immense réservoir génétique dont le club et les éleveurs français de Montagne ne veulent pas entendre parler sous prétexte que ces chiens n’ont pas de papiers ni de radio des hanches. Aurions-nous oublié que les créateurs du club de race, la RACP, ont débuté en parcourant le massif des Pyrénées à la recherche de chiens typiques et forcément sans papiers et sans radio des hanches ?

Contrairement à ce qui se passe avec les chiens de conduite, pour les chiens de protection le lien entre la cynophilie et les bergers est totalement rompu. A juste titre, ils ne veulent pas entendre parler de chiens à papiers, synonymes pour eux de chiens dégénérés. Et ils ne sont pas si loin de la réalité. Il est pourtant nécessaire de gérer les populations de chiens dans toutes leurs composantes qu’ils soient chiens de travail ou chiens de compagnie.

Parmi les chiens de conduite le Border collie fait exception à la règle car son inscription au LOF est subordonnée à des épreuves de travail. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle il a éclipsé toutes les autres races françaises dans la conduite des troupeaux. Question de probabilité, le berger qui choisit un Border collie a beaucoup moins de chance d’être déçu par sa génétique que s’il choisit un Berger des Pyrénées ou un Beauceron. Quel dommage pour nos races françaises. Et merci à ceux qui luttent, le mot n’est pas trop fort, pour leur retour au troupeau comme Steve Jaunin en Suisse http://www.ayko-bleu.ch/.

Dans ce monde où la technologie est omniprésente y compris dans le milieu du chien avec une escalade permanente et désespérée, j’ai décidé de travailler sans elle, à l’image des générations de bergers qui m’ont précédé. Ils ont créé les extraordinaires races de chiens de protection que nous connaissons encore aujourd’hui, sans tests génétiques et sans radio des hanches ou des coudes, uniquement sur leur instinct et la capacité des chiens à remplir une fonction bien précise : protéger leurs troupeaux et leurs bergers. Je m’inscris dans cette ligne mais je n’ai rien inventé, je poursuis une tradition millénaire.

LE BON SENS PAYSAN AU SERVICE DU PASTORALISME

Les critères sur lesquels je sélectionne mes chiens de protection sont : le gabarit, la qualité de la fourrure, la dentition, le contrôle de l’aboiement, la prolificité [le nombre de chiots nés par portée. Important car la reproduction est la première fonction touchée lorsqu’une race dégénère], les qualités maternelles évaluées à travers le taux de survie des chiots [pas de lampes chauffantes dans la bergerie ni de biberons] et la capacité des chiennes à mettre bas naturellement et à nourrir leur portée. J’utilise un autre critère, indispensable mais plus délicat à quantifier, qui est l’efficacité au travail. Ce dernier critère est évalué directement et qualitativement par le berger sur ses chiens de plus de deux ans, c’est-à-dire considérés comme opérationnels dans le travail.
Je travaille également l’immunité de mes chiens afin de les rendre plus résistants aux pathogènes qu’ils soient parasites externes ou internes. Je n’utilise plus aucun produit chimique sur mes chiots et ceux qui restent à l’élevage ne reçoivent qu’un seul et unique vaccin dans toute leur vie. J’accepte la sélection naturelle qui se produit pendant les premières semaines après la naissance. Je n’interviens pas pour sauver à tout prix tous les chiots d’une portée. Au fil des générations cela m’a donné des chiens de plus en plus rustiques et résistants aux agressions extérieures. Et chose étonnante plusieurs de mes chiennes Montagne n’ont maintenant qu’une seule chaleur par an, résultat de cette sélection sur la fonctionnalité et la rusticité. C’est le type ancien qui revient. Sur ce sujet il est intéressant de noter qu’à leur introduction en France les chiennes Dogue du Tibet n’avaient qu’une seule chaleur par an. Après être passées entre les mains de la cynophilie moderne elles en ont maintenant deux : amélioration ou dégradation ? Je vous laisse le choix de la réponse.

Le fameux « attachement au troupeau » dont les pseudos experts en chiens de protection nous rebattent les oreilles depuis 25 ans est un trait génétique. Il est sélectionné depuis des millénaires par les bergers et transmis de génération de chiens en génération de chiens pourvu que l’on reste dans le pool génétique chiens de protection évidemment. Il n’y a aucun besoin de le créer avec des pratiques absurdes qui font l’apologie de la maltraitance. Il suffit de donner aux chiots l’opportunité de le révéler sous la supervision de chiens adultes compétents pour les éduquer et les protéger (cf.. Mon ouvrage sur le Montagne des Pyrénées)

http://hogandesvents.nutritionverte.com/livre-chiens-de-pro…

Dans une démarche de sélection rigoureuse il faut avancer pas à pas. Ainsi dans un accouplement déterminé il faut choisir un seul critère à améliorer en espérant ne pas dégrader les autres caractéristiques souhaitables des chiots à venir. Il est illusoire de vouloir améliorer simultanément plusieurs critères. La sélection est un travail de longue haleine. Il faut une bonne dizaine d’années pour tester une lignée au travail. Et il faut compter une vingtaine d’années avant de sortir le chien idéal dans une lignée reproductible c’est-à-dire une lignée dont l’apparence et le comportement des chiots sont hautement prévisibles. La sélection n’est pas faite pour les gens pressés, elle est l’œuvre d’une vie.

Cette sélection ne peut se faire que sur des critères qui ont une réalité biologique puisqu’elle concerne la reproduction d’êtres vivants.

Les programmes de sélection concernant les chiens de travail doivent être basés sur des données mesurables tant sur le plan de la morphologie, que sur des critères liés à la reproduction et au comportement.

La fonctionnalité d’un chien de protection doit être impérativement évaluée dans son milieu de travail au sein de son troupeau. Dans un but d’amélioration génétique il est important que les chiens soient confrontés les uns aux autres afin de distinguer les meilleurs types et de favoriser leur reproduction. Il s’agit là d’un autre type d’évaluation, réalisée dans un lieu de regroupement hors des troupeaux. Cette évaluation basée sur des critères physiques devra absolument intégrer l’évaluation de la fonctionnalité réalisée antérieurement afin d’obtenir une note de synthèse pour chaque chien permettant de les classer les uns par rapport aux autres, par sexe et classes d’âge afin de favoriser des accouplements complémentaires et d’augmenter la diversité génétique. Néanmoins il ne faut jamais oublier qu’un chien de protection séparé de son troupeau vit un énorme stress même si celui-ci n’est pas apparent.

Il est très important de comprendre qu’un schéma d’amélioration génétique adapté au travail n’est en rien incompatible avec le fait que des chiots partent à la compagnie. Des chiens sains et équilibrés peuvent protéger des troupeaux ou être d’excellents compagnons de famille si leurs besoins vitaux sont respectés. Notamment le fait qu’un chien ne doit pas rester seul toute la journée. Les chiens sont des animaux de meute, ils doivent vivre au moins par deux si leurs propriétaires ne sont pas présents la majorité du temps.

LE BON SENS PAYSAN AU SERVICE DES CHIENS DE COMPAGNIE

Dans une autre race que j’élève avec passion, le Bouledogue français, j’ai démontré qu’il est possible d’inverser une tendance à l’artificialisation en 10 ans. De chiennes incapables de mettre bas sans césarienne, je suis passé, en faisant des choix judicieux et sans aucun test, à un cheptel de chiennes qui mettent toutes bas de façon naturelle. Tous mes mâles saillissent également sans aucune aide humaine. Un phénomène aujourd’hui exceptionnel chez le Bouledogue français alors qu’il devrait être la base de tout élevage. Les éleveurs qui avancent que les césariennes sont des opérations de « confort » pour les chiennes bouledogue devraient se faire ouvrir le ventre plus souvent afin de profiter du même confort.

Là aussi le travail sur l’immunité que je poursuis porte ses fruits. Mes chiens ne vivent pas dans une camisole chimique. Pas de sur-vaccination dans mon élevage. Je cultive mon environnement qui est régulièrement ensemencé avec du Kéfir pour ce qui est des lieux de couchage qui sont des aires paillées. La désinfection des milieux d’élevage est une aberration. Non seulement elle sélectionne des chiens hyper fragiles mais elle sélectionne aussi des pathogènes hyper résistants à tout traitement et mortellement dangereux y compris pour les humains.

L’INDISPENSABLE FORMATION DES ELEVEURS A LA ZOOTECHNIE

Il serait aussi temps que les éleveurs de chiens suivent de véritables formations en Zootechnie – la Science de l’élevage des animaux domestiques – car en France la science du chien se résume aujourd’hui à des mythes, des légendes et des recettes, sans parler des ragots qui font fureur chez la gente féminine.

La démarche que je préconise pour le travail de sélection des chiens est le résultat des observations que je conduis sur mes propres chiens depuis de nombreuses années. Mais aussi le résultat de 10 ans de formation scientifique jusqu’à l’obtention de mon doctorat il y a exactement 20 ans, en passant par la case ingénieur en Agriculture.

A ce titre je revendique le statut de chercheur indépendant car j’en ai toutes les compétences après avoir dirigé des programmes de recherche en France et à l’étranger. La compétence c’est le mariage de la formation et de l’expérience. Comme toute chose sérieuse, cela demande du temps, beaucoup de temps et des efforts, beaucoup d’efforts. Rien ne tombe du ciel à part les météorites. Un expert c’est celui (ou celle) qui parmi 100 informations disponibles est capable de dire quelles sont les trois plus importantes en les hiérarchisant de la plus importante à la moins importante.

Pour autant l’élevage est aussi la meilleure école pour apprendre l’humilité. Un minuscule virus peut réduire à néant de nombreuses années de sélection. « Dans une journée tu as 3 bonheurs et 3 malheurs. » disait un pasteur mongol. Je trouve que c’est une excellente définition du métier d’éleveur. Etre éleveur de chiens c’est un vrai métier qui demande des compétences pointues. Le travail et la formation se poursuivent jusqu’au dernier jour de notre existence. Collaborer honnêtement entre éleveurs serait certainement la meilleure chose qui pourrait nous arriver. L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne disait Desproges. Ma porte est toujours ouverte, mon esprit aussi.

BERGER MONGOL ET SES CHIENS DE PROTECTION

« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison »

Michel Colucci dit Coluche

(1) Héritabilité : probabilité pour qu’une caractéristique apparente d’un individu soit transmise héréditairement par les facteurs génétiques.

(2) Coefficient de détermination : c’est l’indice de fiabilité d’un index, ce dernier étant une évaluation de la valeur génétique transmise par le parent à sa descendance.

(3) Homozygotie et hétérozygotie : chez un individu appartenant à une espèce sexuée et diploïde, chaque gène existe en deux exemplaires, l’un hérité du père, et l’autre de la mère.
Au sein d’une population, chaque gène peut exister en un ou plusieurs variants, appelés allèles. Un gène codant la couleur des yeux peut ainsi exister en plusieurs variants codants plusieurs coloris, ou un gène codant une protéine peut exister en plusieurs variants, codant des formes légèrement différentes de la protéine.
L’homozygotie consiste pour un individu à être porteur pour un même gène de deux variants (allèles) similaires, ce qui est le cas pour tous les individus disposant de caractères phénotypiques issus de gènes récessifs. Par exemple, lorsqu’on a les yeux bleus, on est obligatoirement homozygote pour le gène codant la couleur des yeux puisque l’allèle bleu est récessif.
L’homozygotie s’oppose à l’hétérozygotie, qui consiste à avoir pour un même gène deux variants différents. Un individu est toujours homozygote pour certains gènes, et hétérozygote pour d’autres.
Une homozygotie totale sur tous les gènes semble difficile à réaliser dans la nature (il peut en aller différemment en laboratoire), aussi l’homozygotie est-elle souvent relative à un gène donné, non à la totalité.
Une façon d’atteindre une forte homozygotie consiste à croiser entre eux des animaux apparentés, jusqu’à ce que la dérive génétique élimine toute diversité des allèles, au profit d’un variant unique par gène.
L’homozygotie est le produit d’une perte de diversité génétique, et en général d’une forte consanguinité. Elle peut être obtenue par sélection artificielle, ou de façon naturelle par la fondation d’une population par un groupe d’individus très restreint, porteurs dès l’origine d’une faible diversité de leurs allèles.
Les gènes connaissent sur de nombreuses générations un flux de mutations créant de nouveaux variants, ou allèles. Les mutations peuvent être récessives (elles ne s’expriment alors qu’en cas d’homozygotie, c’est-à-dire d’existence de la mutation en deux exemplaires au sein du génome de l’individu) ou dominantes (elles s’expriment alors même en cas d’hétérozygotie).
Les mutations à la fois dominantes (transmission autosomique dominante) et dangereuses entraînent rapidement l’échec reproductif (en général par la mort) de leur porteur, et ne sont donc pas ou peu transmises à une descendance (sauf celles s’exprimant à un âge postérieur à la reproduction).
Les mutations récessives (transmission autosomique récessive) et dangereuses apparaissant normalement en un seul exemplaire à l’origine peuvent par contre se transmettre à une descendance de façon dormante, puisqu’elles ne s’expriment pas.
La majorité des mutations dangereuses (maladies génétiques) sont donc récessives : les mutations dangereuses dominantes ont été généralement éliminées par la sélection naturelle. Il faut donc que l’individu soit porteur homozygote (en deux exemplaires identiques) de la mutation pour qu’elle s’exprime.
Une forte homozygotie, souvent produite par la consanguinité, augmente donc le risque de maladies génétiques, non pas en augmentant le nombre des mutations dangereuses, mais en augmentant le risque que les mutations récessives préexistantes se révèlent.